Pendant que vous mixez, afin de savoir où vous allez, vous trouverez sans doute utile de placer un morceau de référence sur une piste dédiée. Si votre morceau est dans le style du groupe Cytrobal (non, ce groupe n'existe pas...) ou bien que vous souhaitez obtenir un mix qui se rapprochera de ce que fait ce groupe, choisissez une de leurs chansons, mettez-la sur une piste de votre projet et écoutez-la attentivement. Pas pour l'apprécier, mais pour entendre comment sonnent les instruments, qu'est-ce qui ressort le plus et à quel moment, quels effets sont utilisés, à quel niveau, comment les instruments sont placés, se détachent les uns des autres, etc.
Ensuite, essayez de vous en inspirer pour donner la même couleur, la même tonalité à votre propre travail. Passez de votre chanson à la chanson de référence pour comparer au fur et à mesure du mix, voir si vous êtes sur la bonne voie. Ce n'est pas évident, c'est une question d'expérience, d'habitude, et aussi de matériel, car comme vous ne disposez pas des mêmes instruments, des mêmes amplis que l'artiste de référence, vous ne pourrez pas obtenir exactement le même son. Mais cela vous servira de guide, et peut-être d'inspiration. Ce n'est pas du tout une étape obligatoire, mais cela peut constituer un excellent exercice d'apprentissage : "aujourd'hui, je vais mixer à la manière de..." !!!
QUALITÉ DE L'ENREGISTREMENT
Il ne faut pas négliger la qualité de l'enregistrement en se disant qu'on rattrapera ou qu'on masquera ses erreurs lors du mix. Meilleure sera la prise de son au départ, moins vous aurez de corrections à faire ensuite. On n'est pas tous des virtuoses, et il vaut mieux enregistrer vingt fois de suite la même prise jusqu'à ce qu'elle soit "parfaite" plutôt que de se contenter d'une prise moyenne que vous essayerez de bidouiller par la suite.
FORMAT DE L'ENREGISTREMENT
Quel format d'enregistrement adopter ? Un CD audio est au format 44,1 KHz à 16 bits, mais je vous conseille fortement d'enregistrer en 24 bits pour gagner en précision de calcul, et donc en qualité, même si au final, vous sortez la version définitive de votre chanson au format CD. Lors des phases d'enregistrement et de mix, il vaut mieux s'assurer la plus haute qualité possible, tout en étant raisonnable. Même si votre matériel le permet, il est inutile de travailler en 192 KHz 24 bits.
Personnellement, j'ai adopté le 48 KHz 24 bits qui est un bon compromis entre la qualité sonore, le poids des fichiers et le niveau de ressources exigé pour l'ordinateur. Toutefois, un choix de 44,1 KHz 24 bits est plus courant, car le risque de perte lors de la conversion au format CD est moindre qu'en 48 KHz. Logique. Toutefois, je n'ai personnellement jamais entendu de dégradation sonore suite à une conversion de mon format d'enregistrement vers le format CD. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas, bien évidemment.
Plus le format choisi est lourd, plus les calculs seront longs et complexes, pour une différence de qualité sonore qui ne vous sautera pas forcément aux oreilles.
À titre d'exemple, un fichier Wav stéréo d'une minute verra son poids varier ainsi selon la qualité considérée :
96 KHz 24 bits - 32,9 Mo 96 KHz 16 bits - 21,9 Mo
88,2 KHz 24 bits - 30,2 Mo 88,2 KHz 16 bits - 20,1 Mo
48 KHz 24 bits - 16,4 Mo 48 KHz 16 bits - 10,9 Mo
44,1, KHz 24 bits - 15,1 Mo 44,1 KHz 16 bits - 10 Mo
Vous pouvez constater que la différence entre 16 et 24 bits est très importante pour un même nombre de KHz (66 % d'écart), en rapport avec la précision et la qualité du fichier.
Enfin, on peut considérer le CD comme une référence en terme de format (44,1 KHz et 16 bits) mais le CD n'est plus aujourd'hui le support d'écoute principal. Beaucoup de gens écoutent au final des fichiers audio qui ne se trouvent pas sur un CD physique. La règle du 44,1 KHz n'a alors plus lieu d'être. Un fichier MP3 peut très bien être encodé en 48 KHz, donc à moins de viser à tout prix un format CD, il n'y a pas lieu de s'inquiéter de savoir s'il vaut mieux opter pour du 44,1 ou du 48 KHz.
NIVEAU DE L'ENREGISTREMENT
Quel est le bon niveau d'enregistrement ? En enregistrement numérique, il y a un niveau à ne jamais dépasser, c'est 0 dB (zéro décibel). Zéro, c'est le plafond, tout ce qui se trouve au-dessus est à proscrire, c'est zone rouge, zone interdite ! Pourquoi ? Parce que lorsque le son dépasse ce niveau, de la distorsion apparaît, mais pas le genre de distorsion qu'on apprécierait pour une guitare. En fait, au-delà de 0 dB, tout se passe comme si le son venait s'écraser sur le plafond. Sur les graphiques ci-dessous, on voit la courbe du son au volume normal, puis la même courbe dont on a augmenté le volume de 500 %. On peut voir que les pics sonores sont écrasés, déformés, et c'est ce qu'il se passe quand on dépasse le niveau 0 dB lors de l'enregistrement. On parle alors d'un écrêtement. Si cet écrêtement est trop important et trop fréquent sur un enregistrement, cela s'entend et amoindrit considérablement la qualité du son.
Pour éviter cela, il faut donc préparer le niveau d'entrée. Pour la guitare, jouez quelques notes ou accords en bourrinant un peu sur les cordes et réglez le niveau d'entrée de façon à ce que ce bourrinage ne dépasse pas -6 dB sur le vu-mètre de la piste du séquenceur. Pour la voix, chantez dans le micro au volume le plus élevé que vous pensez produire pour votre chanson et veillez là aussi à ce que le vu-mètre de la piste de chant ne dépasse pas -6 dB. Idem pour chaque instrument à enregistrer. Ainsi, lorsque vous allez vraiment vous enregistrer, et si le réglage est bon, vous serez quasiment assuré de ne pas dépasser le plafond en aucune circonstance.
Inutile d'être parano cependant. Si au cours de l'enregistrement, vous voyez que le vu-mètre tape dans le rouge et que vous ne dépassez 0 dB qu'une ou deux fois très brièvement, ça ne posera pas de problème. Ça ne s'entendra probablement pas et au pire, vous pourrez retoucher un peu le son à cet endroit précis. En revanche, si vous tapez dans le rouge constamment, arrêtez l'enregistrement, baissez le niveau d'entrée de l'instrument et recommencez. Soit vous avez oublié de régler le niveau, soit vous avez joué ou chanté beaucoup plus fort que pendant vos réglages. C'est sûr que si vous réglez vos niveaux de voix en murmurant dans le micro, puis que vous enregistrez en hurlant, vous allez avoir des surprises ! Et pas des bonnes !
DÉTECTER DES DÉFAUTS
Un moyen pour détecter des défauts :
Une fois que vous avez terminé votre mix, écoutez-le pour le plaisir si vous le souhaitez, puis passez à autre chose. Oubliez votre chanson, allez promener le chien, lisez un bouquin, allez voir des amis... Laissez passer une journée, voire deux sans réécouter la chanson du tout. Et puis revenez-y : vous allez la redécouvrir, avec une oreille neuve, reposée et ses qualités et défauts vont vous sauter aux tympans !
Notez tout de suite ce qui vous gêne lors de cette redécouverte : la guitare 1 est trop forte, ou bien la voix est trop clinquante, ou la grosse caisse trop présente ou ceci, ou cela... Notez tout ce qui ne vous va pas et qui vous a semblé évident et corrigez votre mix. Et puis laissez de nouveau passer du temps, et réécoutez encore, jusqu'à ce que tout vous semble à votre goût.
Ce procédé peut prendre plus ou moins longtemps, mais il est très efficace.
REPARTIR DE ZÉRO
Si malgré tous vos efforts, votre mix ne vous convient pas, n'hésitez pas à repartir de zéro.
Gardez le son brut, supprimez tous vos réglages, vos effets et recommencez. Vous pouvez même recommencer l'enregistrement si vous trouvez que c'est lui qui pose problème, mais sans aller jusque là, vous pouvez déjà recommencer le mix et refaire tous vos réglages. Il y a peu de chance que vous fassiez exactement deux fois la même chose, et de nouveaux réglages vous satisferont peut-être davantage.
Euh... gardez quand même votre premier mix dans un coin (en donnant un nouveau nom de projet lors de votre nouvel essai), on ne sait jamais. Si vous n'arrivez pas à faire mieux, vous serez content de pouvoir retrouver vos réglages d'origine !
ON NE PEUT PAS PLAIRE À TOUT LE MONDE
Le mix n'est pas une science exacte et le résultat obtenu peut très bien plaire à quelqu'un et déplaire à quelqu'un d'autre. Une même personne peut même trouver un mix très bon un jour et lui trouver des défauts le lendemain, en fonction de l'humeur du moment. Tout est affaire de compromis, mais vous êtes le principal juge du résultat obtenu. Après tout, c'est vous l'auteur, il n'y a que vous qui puissiez savoir si le résultat vous satisfait ou non et correspond à ce que vous attendiez.
CONNAÎTRE SES OUTILS
Apprenez à connaître votre matériel et vos logiciels. Si vous avez besoin d'effectuer une tâche précise, vous gagnerez du temps si vous avez pris le temps de consulter le manuel fourni, plutôt que de cliquer partout dans l'espoir de trouver dans les menus LA fonction que vous cherchez. D'autant que plus le logiciel est complexe, plus le nombre de fonctions sera élevé et vous risquez de passer un temps considérable à chercher quelque chose dont vous ne connaissez peut-être même pas le nom exact... L'apprentissage peut être long, mais il est très gratifiant.
MIXER AU CASQUE
Pourquoi dit-on qu'il ne faut pas mixer au casque ?
Ce n'est pas recommandé, mais rien ne l'interdit.
Tout d'abord, les casques audio ont tous des caractéristiques différentes. Certains sont doués pour restituer des graves précises, d'autres vont exceller dans les aigus, etc. Comme pour les moniteurs, il est difficile de trouver un casque vraiment neutre, et la proximité du son par rapport à vos oreilles va également perturber l'écoute "normale". Dans la vie de tous les jours, vous n'entendez pas les bruits qui vous entourent à travers un casque. Les sons traversent l'air, l'espace qui vous sépare d'eux avant de vous chatouiller les tympans. Cette perception quotidienne est altérée par le casque.
Autre effet important : la stéréo. Avec des enceintes, vous entendez avec l'oreille droite ce qui sort de l'enceinte gauche et inversement. Au casque, ce passage des sons d'un côté à l'autre ne se fait plus. Ce qui se trouve à gauche reste intégralement à gauche et l'oreille droite ne l'entendra pas. En mixant au casque, on peut vouloir chercher à compenser cet effet en ajoutant, par exemple, un peu du son de gauche à droite pour rééquilibrer l'écoute, chose que l'on n'aurait pas fait en mixant sur des enceintes. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas bien, mais on peut être amené à faire des choix de mixage différents.
Encore une fois, le mieux est de pouvoir écouter son mix sur plusieurs systèmes d'écoute (plusieurs casques aussi) afin de conserver une certaine neutralité.
LES DÉCIBELS
Au fait, c'est quoi un "db" ?
On prononce ça "débé", mais ça vous l'aviez peut-être déjà deviné. Et c'est l'abréviation de "décibel", une unité de volume sonore. Contrairement aux unités de longueurs ou de poids par exemple, le décibel est logarithmique. En longeur, 100 mètres est le double de 50 mètres. En acoustique, 100 db n'est pas le double de 50 dB, c'est 130 000 fois plus ! L'énergie dégagée par un son double tous les 3 db. Autrement dit, 53 dB est le double de 50 dB, 56 dB est le double de 53dB et le quadruple de 50 dB, etc. Le temps d'arriver à 100 dB, vous aurez donc multiplié par 130 000 !!!
Bon, cela dit, relativisons, parce qu'entre la théorie des chiffres et le ressenti réel, il y a tout de même une différence. Difficile en effet d'affirmer "à l'oreille" que le son d'une discothèque est 130 000 fois plus fort que le bruit d'un lave-linge... A priori, j'ai lu ici et là qu'à l'oreille, la sensation d'un doublement du volume sonore se faisait plutôt tous les 10 dB. Et donc, 100 db nous apparaîtrait environ 32 fois plus fort que 50 db. C'est évidemment tout de même un peu difficile de quantifier ce genre de valeurs. D'autant que la perception qu'on a des choses varie selon les individus, la condition physique, l'âge, la fatigue, etc. On est dans un domaine subjectif.
Exemples de valeurs (tirées de Wikipédia) :
- 0 dB : seuil d’audibilité
- De 0 à 10 dB : désert
- De 10 à 20 dB : cabine de prise de son
- De 20 à 30 dB : conversation à voix basses, chuchotement
- De 30 à 40 dB : forêt
- De 40 à 50 dB : bibliothèque, lave-vaisselle
- De 50 à 60 dB : lave-linge
- De 60 à 70 dB : sèche-linge, sonnerie de téléphone, téléviseur, conversation courante
- De 70 à 80 dB : aspirateur, restaurant bruyant, passage d’un train à 80 km/h
- De 80 à 90 dB : tondeuse à gazon, klaxon de voiture
- De 90 à 100 dB : route à circulation dense, tronçonneuse, atelier de forgeage, TGV à 300 km/h à 25 m
- De 100 à 110 dB : marteau-piqueur à moins de 5 mètres dans une rue, discothèque
- De 110 à 120 dB : tonnerre, atelier de chaudronnerie, vuvuzela à 2 mètres
- De 120 à 130 dB : sirène d’un véhicule de pompier, avion au décollage (à 300 mètres), concert amplifié
- 130 dB : seuil de la douleur
- De 140 à 150 dB : course de Formule 1, avion au décollage
- 170 dB : fusil d’assaut
- 180 dB : décollage de la fusée Ariane, lancement d’une roquette
- 194 dB : son le plus bruyant possible dans l’air à la pression atmosphérique du niveau de la mer. La différence de pression dans une onde sonore de ce niveau est d’une atmosphère et correspond à l’apparition d’une pression nulle sur le front de dépression de l’onde. Toute onde au-delà de cette frontière ne s’appelle plus onde sonore mais onde de choc.
LE FORMAT MP3
Le MP3 (ou tout autre format de fichier compressé) est-il le mal absolu ?
Non. Le MP3 est un format "destructif", c'est à dire qu'il altère le fichier audio non compressé en éliminant des informations considérées comme inutiles, inaudibles, de façon à réduire la taille du fichier. Mais la compression est réglable. Lorsque vous souhaitez transformer un fichier WAV (non compressé) en fichier MP3, vous choisissez le type de compression que vous souhaitez. Au final et en partant du même fichier WAV, deux fichiers audio compressés différemment n'auront pas la même qualité sonore. Plus vous compressez, moins le fichier sera gros, mais plus sa qualité sonore sera dégradée.
Pour conserver une qualité optimale en MP3, optez pour une compression à 320 kbps (kilobits par seconde) avec un taux constant, plutôt que de 128 KBPS dont les fichiers sont plus petits, mais qui commencent à offrir une dégradation sonore audible.
En fait, les défauts d'un fichier compressé de type MP3 ne sont pas détectés dans toutes les conditions (sauf compression extrême) :
- Les gens qui ont une bonne oreille, les puristes, les grands amateurs de sons seront beaucoup plus sensibles à ces défauts.
- La qualité du système d'écoute permettra de plus ou moins entendre les défauts dus à la compression. Avec des écouteurs de baladeur de mauvaise qualité, ou bien si vous écoutez de la musique sur les enceintes d'un ordinateur portable, les défauts sont difficilement détectables, tellement la qualité de ces écouteurs est faible.
Enfin, il faut savoir qu'un faible pourcentage de gens sauront faire la différence entre un fichier MP3 de qualité maximale et un fichier WAV, surtout si le système d'écoute n'est pas très bon. Beaucoup de gens qui affirment détester les MP3 "parce qu'ils dégradent le son" seront en fait incapables de faire la différence dans un test à l'aveugle. Mais attention ! Certains sont effectivement capables de détecter les différences très faibles qui existent. De là à diaboliser le MP3 comme le font certains, il y a un pas que je ne franchirai pas. Je suis d'accord pour dire que du MP3 trop compressé détériore le son d'origine, mais du MP3 en qualité maximum permet d'obtenir des fichiers de taille réduite (par rapport au WAV) tout en conservant une qualité très largement acceptable.
Seriez-vous capable de différencier ces extraits sonores sans savoir quel fichier correspond à quoi ? Extrait WAV 48 KHz 16 bits - 2,34 Mo Extrait MP3 32 kbps - 50,3 Ko Extrait MP3 64 kbps - 100 Ko Extrait MP3 128 kbps - 201 Ko Extrait MP3 192 kbps - 301 Ko Extrait MP3 320 kbps - 502 Ko
Les MP3 à 32 et 64 kbps sont très faciles à reconnaître tellement le son est dégradé, le 128 kbps est très acceptable (sur cet extrait du moins), les extraits à 192 et 320 kbps sont pour moi très proches, pour ne pas dire indiscernables du fichier WAV d'origine. Sans doute d'autres personnes sont-elles capables de les repérer ?